Alain Delon : vivre et mourir comme un loup

On parle beaucoup d’Alain Delon, ces derniers temps. Bien sûr, il y a quelque chose de tragique dans la vue de cette fratrie qui se déchire alors que son père est au crépuscule de sa vie. Mais je trouve tout aussi tragiques les réactions de l’opinion publique, qui confie sa lassitude face à ce « déballage » ou préjuge des intentions des enfants (que personne ne peut prétendre connaître avec certitude), les mettant tous dans le même sac, ou leur reprochant leur manque de dignité, comme s’il n’existait pas des combats qui mériteraient d’être menés, comme si se taire et supporter était toujours la seule façon d’être digne, y compris quand cela implique de fouler des valeurs qui nous sont importantes, à savoir par exemple les dernières volontés d’un père, autour desquelles cette fratrie se trouve apparemment en désaccord. Les plaignants ont toujours tort : ils font toujours trop de bruit. Un peu comme l’enfant battu à qui des voisins reprocheraient de déranger la quiétude d’un repas par ses hurlements. Je connais d’autant mieux ces réactions de sainte-nitouche que j’en ai déjà été intimement victime, elles sont si fréquentes, déshabillent la malveillance de tous ceux qui s’y adonnent, j’en ai une sainte horreur : cet appel permanent à la dignité et au silence dès lors qu’une personne porte une affaire devant la justice, ou devant les autres, sous prétexte qu’on a mieux à faire que de s’intéresser à ces histoires. Mais qui a demandé au public de s’y intéresser, de hisser en haut de l’affiche cette querelle familiale ? Il lui suffirait de passer au dessus, d’en faire une actualité comme une autre, pour qu’elle le soit. Dans le cas présent, la presse ne fait que suivre les engouements du peuple, elle ne les invente pas. En réalité, c’est peut-être parce que l’opinion publique pressent sa propre curiosité, qu’elle n’assume pas et trouve malsaine, qu’elle fait à ceux qui l’assouvissent le reproche de l’alimenter, ici, en l’occurence aux enfants de Delon qui se disputent maintenant autour de leur paternel. Ces mêmes enfants, eux, ne font que vivre leur vie et aller devant la justice pour ce qu’ils croient apparemment être légitime : ce n’est pas de leur faute si leur père est ce qu’il est, une forme de Dieu vivant, et que toute la presse et tout le pays relaient chaque évolution de l’affaire comme le fait du siècle.

Ce que je trouve incroyable, aussi, c’est cette tendance à accuser les enfants de se déchirer autour de leur père, sans savoir quoi que ce soit des raisons véritables, et comme si le père lui-même n’avait pas préparé un terrain favorable à ce qui est en train de se produire. Mais les français sont prêts à tout pour protéger leur mythe, leur samouraï. On voit une autre icône de la même époque, Brigitte Bardot, sortir maintenant du bois avec une prise de position un peu facile, pour dire qu’il est « lamentable de médiocrité » de « salir l’image d’Alain, icône sublime qui représente la France avec panache ». Bien sûr, même si elle ne nomme personne, on se doute qu’elle vise aussi un peu les enfants de Delon, puisque ce sont eux qui ont actionné la manivelle du grand déballement actuel. Eux seuls sont donc lamentables, coupables de salir leur père, sans distinction aucune, qu’importe que certains d’entre eux soient peut-être victimes, ou agissent peut-être de manière légitime – l’avenir le dira. La même Bardot qui a plus ou moins abandonné son propre fils et qui n’a pas hésité à faire à son sujet des révélations douloureuses pour ce dernier, disant qu’elle aurait préféré accoucher d’un chien, la même qui a parfois cyniquement utilisé les paparazzis à son avantage en livrant à leur appétit voyeur ses propres compagnons (en faisant en sorte qu’un photographe soit là au moment où son mari, qu’elle cocufiait allègrement, se battait avec son amant, par exemple), la même qui a montré ses fesses à tout le monde (chose que je ne critique pas du tout, au demeurant, bien au contraire), bref, cette femme qui a été la fière incarnation de l’impudeur se trouve à faire la leçon à des gens qu’elle juge impudiques… ! Mesurons l’ironie de la situation. La même qui a construit sa vie autour de la plus franche vérité, quitte à tomber dans l’égoïsme, quitte à blesser son propre fils, refuse aux enfants de Delon le droit de venir dire la leur. La même qui a souvent été victime des préjugés autour de sa liberté, en accable aujourd’hui les autres.
L’orgueil de ces légendes est sans fin. Leur naufrage aussi. Mais les vieux et les mythes ont toujours raison, et ils ont tous les droits, dans un ciel qui ne compte plus beaucoup d’étoiles.

On critique les enfants de Delon, pour ne pas le critiquer lui, peut-être, pilier d’un rayonnement français un peu terni ces dernières années.

Pourtant, dans l’affaire Delon, il y a là ce qui me semble être une prévisible fatalité : Delon quitte sa vie comme il l’a vécue. Les circonstances qui encadrent son départ – violentes, impitoyables, viscérales, semblables à une lutte à mort entre des fauves – sont à l’image de ce qu’il a été et de ce qu’il a incarné : un loup. Précisément, un loup tel que le décrit le proverbe qui établit que « l’homme est un loup pour l’homme ».

Dans les Balkans, en yougoslave, nous avons un mot, « lopov« , qui ressemble à « loup » en français, mais qui veut en réalité dire « voleur » (« loup » se disant en fait « vuk », prononcé « vouk »). Cette proximité est intéressante. Delon a en effet quelque chose du loup-voleur. Le loup mythologique a souvent deux significations, celle de la fidélité, du serment, du courage, et celle de l’agressivité, de la violence, de la ruse. Delon se trouve à la parfaite intersection de ces deux figures. C’est d’ailleurs là toute la complexité, toute la force du personnage.

Alain Delon est en effet l’incarnation fascinante de l’homme sauvage, instinctif, indomptable, magnétique, mais aussi égoïste et lâche. Elégant mais perfide, prêt à asséner le coup de grâce à l’adversaire, avec une habileté féline et létale.

Invité chez Bernard Pivot et soumis au questionnaire de Proust, Alain Delon, la soixantaine bien sonnée, sourcils froncés et punitifs, regard fort, stature, costume et montre de daron revenu de la pègre, puissance de l’expérience, répond que son mot préféré, c’est celui d' »honneur ». Fidèle à son mythe, il ajoute que son bruit préféré, c’est celui du chant des loups dans la forêt, la nuit. D’ici, on sent l’eau de cologne, la virilité.

Delon est l’honneur, oui, mais souvent l’honneur égoïste et de mauvaise foi.

Sans doute par jalousie anticipatrice, il a détruit ses propres fils, et ce alors qu’il se savait déjà être un mythe indéboulonnable (mais les monarques ont le triomphe lucide et inquiet : ils savent ce qu’ils ont souvent fait pour obtenir leur couronne, et combien de gens la convoitent aussi). Il a agi ainsi alors que les pauvres avaient déjà à grandir dans son ombre, et dieu sait que la chose est violente pour un jeune garçon dont le sang bout de faire ses preuves et d’être pionnier de son propre chemin. On peut s’interroger sur le fait que ses préférences soient toujours allées pour Anouchka, la seule fille de la fratrie, érigée en déesse vivante par son paternel. Alain Delon a aussi catégoriquement refusé toute sa vie de reconnaître le pauvre Ari Boulogne, son fils qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, et ce alors que sa propre mère s’en est occupée, le considérant bien comme son petit-fils. Un geste incompréhensible, ridicule de mauvaise foi, et dont il était visiblement le seul à ne pas réaliser la médiocrité : tout le monde savait la vérité, tout le monde trouvait que ce déni avait des airs de mascarade, même la page Wikipedia liste les enfants d’Ari Boulogne comme étant les petits-enfants de Delon, mais ce dernier s’est entêté dans son refus. Peut-être Ari Boulogne ressemblait-il trop à son père, plus jeune ? Il l’aurait alors enterré comme on enterre l’avenir qui nous menace. Peut-être a-t-il payé les principes et l' »honneur » d’un homme qui ne voulait pas d’un enfant hors mariage ? Il a préféré laisser ce pauvre enfant se détruire avec les seringues de sa mère junkie, lui refusant l’égalité de faire partie de la fratrie au même titre que les autres, le privant de la paix de ses origines, en pleine conscience des conséquences que cela aurait sur lui ; il a préféré le jeter dans un placard alors qu’il n’aurait eu qu’à bouger un petit doigt pour qu’il en soit totalement autrement. Et il ne l’a pas fait. La vie de cet enfant devenu adulte a été vraisemblablement tragique, sa mort précoce et sordide. Le seul à avoir eu de l’honneur, justement, a été Anthony Delon, son fils aîné, qui a rendu hommage au défunt et lui a donné la reconnaissance pour laquelle il s’était tant battu, et qui a d’ailleurs lui-même reconnu un enfant qu’il avait eu hors mariage. Nul n’est parfait, mais il y a des erreurs qui révèlent un individu, surtout quand elles durent dans le temps, sans jamais se rattraper ou se corriger. De quel honneur peut se targuer un homme qui s’est comporté comme Delon l’a fait ? Il y a des hommes qui élèvent des gosses qui ne sont pas les leurs, qui passent outre de graves perfidies féminines (car évidemment, les femmes comme les hommes peuvent être d’incroyables ordures), pour ne surtout pas qu’un enfant en pâtisse. Ces hommes-là ont des principes : ils refusent qu’un enfant paie pour les histoires des adultes, ils protègent ce qui est faible. C’est cela, avoir de l’honneur.

Delon a abandonné Romy Schneider. Bon, vous me direz, on n’est pas coupable de ses amours et de ses désamours. Mais l’abandonner avec juste une lettre et des fleurs, avec la fameuse disquette du « je vais chercher des cigarettes », pour ne jamais revenir… notre manière de quitter les gens que nous n’aimons plus dit quelque chose de nous. Mille fois, on soulignera qu’ils avaient gardé de bonnes relations, que lorsque Romy Schneider était au creux de la vague, c’est lui qui l’a imposée dans « La piscine », culmination cinématographie et culturelle des années 60, lui permettant ainsi de relancer sa carrière. Ce qu’on dit un peu moins, c’est qu’il voulait au départ tourner avec sa grande amie BB, et que c’est suite au refus de cette dernière qu’il s’est rabattu sur Romy Schneider, dont la présence magnétique et le regard bleu semblent pourtant irremplaçables dans ce film culte. Peut-être avait-il quelque chose à se faire pardonner à la pauvre Romy, qui est allée de malheur en malheur après leur rupture. Après cette dette payée, il pourra se présenter en sauveur. Sans doute cela lui aura-t-il permis en route de lisser son image.
Delon n’a jamais voulu épouser la compagne de longue date qui lui a pourtant donné deux enfants, au prétexte qu’il avait déjà été marié, et qu’il voulait rester l’homme d’une seule femme, et respecter sa promesse de ne se marier qu’une fois. C’est un homme de serment, c’est vrai : en revanche, on a connu plus élégant. Il en a jarté une autre, Mireille Darc, car il voulait d’autres enfants et qu’atteinte d’une malformation cardiaque, elle ne pouvait lui en donner. Mais bon, c’est vrai, comme avec Romy Schneider, il est resté « très ami » avec elle… Il a été franc, au moins, et sa décision lui appartient. Nous voyons cependant que l’être ne brille pas par son sens du sacrifice. Comme les loups, il est impitoyable.

Ne parlons pas de son apparente proximité avec des milieux peu recommandables, et violents : je ne m’y pencherai pas, je ne connais pas assez le sujet.

Honneur. Ce mot me revient de manière un peu lancinante, je le fais tourner autour de mon doigt, quelque peu amusée, comme avec un jouet du Kinder. Le Monsieur est Corse. Moi, je viens des Balkans et je connais bien cette mentalité sudiste, il n’y a que ça chez nous, des hommes qui ont de l’honneur. Ils sont bruns, beaux et grands, ils ont un regard pénétrant, ils prennent cet air coléreux en fronçant les sourcils, en disant qu’ils ont des valeurs et de l’honneur. Ils se cachent derrière l’honneur de la rue pour ne pas parler de tout ce que ça cache de corruption, d’injustice, de violence arbitraire, de vies brisées, de promesses non tenues aussi. Ils se tapent dessus pour un regard de travers, grand bien leur fasse. Ils déversent souvent leur honneur sur du dérisoire, tandis qu’ils en manquent cruellement pour les plus grandes causes. L’honneur, c’est de ne pas écraser et manger ses propres enfants, l’honneur c’est de ne pas laisser un de ses rejetons vivre comme un quasi orphelin, parmi les seringues, lui infligeant la blessure d’être le seul enfant non-reconnu. Même si l’on peut avoir des atomes crochus avec l’un de ses enfants, l’honneur, c’est de ne pas laisser libre cours au poison de la préférence, c’est ne jamais créer de hiérarchies explicites dans une fratrie comme il l’a fait.

Oh, je les connais très bien, ces hommes du Sud qui savent se tenir solennels près des cercueils, qui soutiennent la démarche de leur vieille mère, qui fleurissent les tombes des années après, qui respectent les églises, et je connais aussi leurs défauts, violence, orgueil, obstination prétentieuse, mauvaise foi, qu’ils font passer pour de l’honneur. Ils sont capables d’une solidité à toute épreuve, de tenir avec droiture de vieilles promesses à des amis de 20 ans, de prendre en charge une ancienne maîtresse qui ne se porte pas bien, d’être grands seigneurs, mais ils sont aussi capables d’une lâcheté abyssale, parfois totalement incompréhensible et imprévisible, comme la grosse bête qui craint d’un coup la petite ; lâcheté qui est celle de la virilité fragile et qui se sent menacée. C’est l’envers et l’ombre de l’homme, de son plus fascinant courage : sa lâcheté.

Le rôle qui a révélé Alain Delon dans Plein Soleil est d’ailleurs une incarnation de cette virilité sauvage, impitoyable, arriviste. Il joue dans ce film Tom Ripley, missionné par un milliardaire pour veiller sur son fils, Philippe Greenleaf, dont il devient l’homme à tout faire, humilié lors d’une scène mémorable, et qu’il finira par tuer, après s’être immiscé dans son couple pour y mettre le bordel, usurpant son identité pour vivre la belle vie.

C’est d’ailleurs ainsi qu’il a obtenu son rôle : en l’arrachant des mains d’un autre acteur auquel il était promis, Jacques Charrier. A l’origine, Delon ne devait en effet pas jouer Tom Ripley, mais le riche Philippe Greenleaf. Seulement, Delon estimait qu’il avait davantage le tempérament de voyou de Tom Ripley, et lors d’un dîner avec le réalisateur du film, il se mit en tête de le convaincre de lui donner le rôle, risquant sa participation au projet au cours d’une insolente et violente passe d’armes qui dura plusieurs heures, et jouant son va-tout d’acteur encore inconnu qui se sent aux portes de l’Histoire et ne veut pas rater sa chance.

Delon a réinventé au plus haut niveau une forme de Rastignac séducteur, de Barry Lyndon du XXème siècle. Il a incarné avant l’heure la figure du connard : beau, fascinant, sachant en jouer ; pas mauvais, mais capable de tout pour arriver à ses fins, un peu comme l’animal sauvage qui n’est pourvu d’aucun instinct sadique (le sadisme est un travers humain), mais qui n’en demeure pas moins impitoyable et n’a aucun scrupule à tirer dans le dos de sa victime, à viser ses plus grandes faiblesses pour en tirer profit, à tuer pour un peu de soleil. Même dans ses accidents et ses coups de feu, il est pur. Delon est un connard, mais un connard avec du panache et de l’audace, dont on connaît ou pressent les motifs, c’est ça qui le sauve. Car les rôles de Delon se superposent à sa vie : enfant mal-aimé, abandonné, turbulent parce que dans la survie, ses crocs de jambe perfides ont la force vitale de celui qui n’a rien à perdre, ses grandiloquences à la troisième personne ont la puissance de la nécessité et du privilège acquis de haute lutte. Dans Plein Soleil, d’ailleurs, le meurtre que son personnage commet a valeur de revanche ; à travers le coup de couteau de Delon à Ronet s’exerce la vengeance d’un jeune affamé sur la jeunesse oisive et dorée qui a tout eu et qui l’aura en plus humilié. En cela, Delon est la part sombre et instinctive d’une humanité qui consent à se reconnaître en lui parce qu’il a de beaux yeux et l’élégance d’assumer sa cruauté, de lui donner presque ses lettres de noblesse. Il est l’image d’une France qui brille encore d’un orgueil ancien et refuse de lâcher le steak. Il est le désespoir lumineux du nihilisme moderne et mâle, qui se traduit par la violence, la réhabilitation de la loi de la jungle, la lutte à mort assumée pour une place au soleil.

La force du mythe Delon, c’est d’ailleurs sans doute cela. A la générosité, à la saine camaraderie, à la franchise de bon aloi d’un Belmondo, mythe solaire opposé au sien, il réplique par l’ambiguïté complexe et animale du loup, dont l’homme tient un peu, à la fois capable de fidélité et de perfidie, de grâce et de cruauté, aussi à l’aise dans les studios et sur les tapis rouges qu’avec les mafieux qu’il a fréquentés durant sa vie. C’est parce qu’il a incarné tous ces visages qu’il est ce qu’il est, un homme riche, y compris de ses travers, et donc une légende.

C’est aussi cette nature faite d’ego, de force et de violence qui le privent désormais d’une fin à la Bebel, radieuse et tranquille, chéri par une tribu soudée qui n’a pour lui qu’amour et reconnaissance. Le voilà désormais seul dans sa vaste demeure, enfermé dans le cachot de sa misanthropie, déçu par les hommes et entouré d’animaux, paraît-il. Mais lui-même n’a-t-il pas abondamment déçu autour de lui, jusqu’à sa progéniture ? Lui-même n’a-t-il pas abandonné, parfois lâchement et salement ? Lui-même n’a-t-il pas appuyé sur la gâchette et tenu au bout de son geste le droit d’un autre à vivre ? Comme un animal malade qui se sait vulnérable, il se cache pour mourir. Comme un roi qui ne s’est rien refusé pour parvenir au trône, et qui se sent à l’orée de vivre ce qu’il a infligé aux autres, il se terre dans sa tour d’ivoire.

ll n’y a pas à le plaindre, dans le fond. Il a été prédateur : il devient proie. Il a vécu comme un loup, il va mourir comme un loup, affaibli et donc… déchiqueté par la meute.

A propos Altana Otovic

Tout ce qui n'est pas écriture m'ennuie. Vous savez ça, vous savez tout. https://altanaotovic.wordpress.com/2021/02/01/qui-je-suis/
Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire